L’alternative à Horizon Europe s’avère une chimère
Lorsque la Suisse a constaté l’échec des négociations sur un accord-cadre en mai 2021, la réaction de Bruxelles ne s’est pas fait attendre. L’UE a notamment signifié à Berne qu’une participation au programme-cadre de recherche Horizon Europe sera uniquement possible en tant que pays tiers. Depuis, la Suisse est exclue de certains volets essentiels de la coopération. Les projets internationaux ne peuvent plus être gérés depuis son territoire et elle n’a plus accès au budget d’aide de cent milliards de dollars – au grand dam des universités et de nombreuses PME. À long terme, cela fait beaucoup de tort au pôle d’innovation suisse.
L’illusion d’une coopération entre universités d’élite
Le camp des eurosceptiques a eu vite fait de concocter une alternative supposée meilleure: plutôt qu’avec l’UE, la Suisse devait coopérer avec les meilleures universités du monde et notamment avec des centres de formation renommés de Grande-Bretagne. Le gouvernement de Londres – dans une situation similaire depuis le Brexit – a également manifesté son intérêt. Désormais, nous savons que cette alternative n’a jamais été qu’un plan B pour les Britanniques, car ils ont en même temps tout mis en œuvre pour pouvoir rejoindre Horizon Europe. Et ils y sont parvenus.
La Suisse reste seule, le bec dans l’eau
Pour la Suisse, les affaires ne s’arrangent donc pas, bien au contraire. Si même les chercheurs britanniques ont de nouveau plein accès au programme Horizon, les conséquences de se trouver à l’écart n’en deviennent que plus fâcheuses. Maintenant, l’intérêt de la Grande-Bretagne à s’engager dans une coopération spécialement adaptée aux besoins de la Suisse sera sans doute très limité. Cela vaut aussi pour d’autres régions. Ainsi, le 9 juillet 2023, il a été annoncé que le gouvernement néo-zélandais s’est également entendu avec Bruxelles sur une participation à Horizon Europe. Un meilleur accès à la recherche européenne pour les scientifiques d’Auckland et de Wellington que pour ceux de Zurich ou de Lausanne? Cela devrait vraiment donner l’alerte à Berne. Il est grand temps que la politique européenne de la Suisse se mette en mouvement.